—Maman, maman ! —s´écria le petit.
—Qu´est-ce que tu as, mon cher ? —demanda sa mère.
—Il y a un petit peu quand il faisait nuit
les soldats ont pris la douce boulangère.
Où est-ce qu´elle s´en va ?
—Elle sera déjà mais cahin-caha
dans un autre four que l´on dit bûcher.
Tais-toi mon amour —dit-elle à son tour—,
que tes yeux sont pers comme ceux de ta sœur,
courtisane naguère bien malgré son cœur
pour les envahisseurs,
et s´ils devinaient cette notre tanière
ils vendraient encore pour te prendre fort
afin d´être éphèbe du mandarinat.
—Qu´est-ce que c´est que ça ? —le petit demanda.
—Ce sont des enfants pris aux alentours
qui pleurent toujours pour plaire la cour.
—Si seulement papa était ici encore !
—Il y a eu un an hier les arbaletriers
l´ont pendu tout nu dans le cimetière
pour qu´il soit la graine de la mandragore.
—Maman, j´ai très faim et il fait froid ici-bas !
—On ne peut pas quitter pendant tout l´hiver
jusqu´à ce qu´ils croient que nous sommes morts,
à ce moment-là l´on ira chercher les voleurs de corps
et les trois ensemble l´on s´enfuira jusqu´à la frontière ;
tu te chaufferas en venant m´aider chasser ce gros rat.
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