La mort venait
fréquemment au cirque des monstres, mais Dragosi fit ce qu'il n'avait jamais
fait auparavant. Il interrompit le spectacle pendant plusieurs jours et emporta
le corps disloqué d'Irina dans le hameau des Carpates où il l'avait rencontrée.
La consanguinité qui y régnait produisait un fort
pourcentage de difformités. Et il fallait trouver un remplaçant.
Arc-bouté contre le vent glacé, Radu traversa le terrain
découvert et entra dans le village. Il consulta l'adresse qu'il gardait dans sa
poche et demanda à quelques gens du coin de lui indiquer le chemin.
— Tu es seule ?
La femme exhalait un parfum de fruit, le désir insatisfait,
la routine et la recherche angoissée d'autre chose.
Il allait se l'envoyer.
— Andrei est en voyage, il sera absent une semaine.
Radu entra et ferma la porte.
— Montre-les-moi, lui demanda-t-elle.
Radu se dévêtit au-dessus de la ceinture, enleva les sangles
et lui montra ce qu'elle était allée voir sous la tente. La femme inspira,
bouche bée de saisissement.
— C'est incroyable... De près, elles sont encore plus
incroyables... Tu ressembles à une araignée. Tu peux les replier ?
— Je peux te piquer, si tu veux.
— C'est ce que j'attends.
Il baissa son pantalon, leva la jupe, enleva la culotte de la
femme, jeta celle-ci sur le matelas et la pénétra. Elle gémit en sentant quatre
petits bras qui lui entouraient les hanches et les côtes. Radu lui couvrit la
bouche de sa main droite supérieure et lui assujettit le bras de sa main gauche
normale.
Elle paraissait aimer ça jusqu'au moment où elle se rendit
compte que les deux autres bras droits de Radu lui pressaient le poignet gauche
contre le lit. Alors elle comprit. Elle tenta de se débattre tandis que Radu
lui mordait le cou avec application ; bientôt, elle cessa de se défendre. Elle
accepta la mort et se vida peu à peu de son sang, tandis qu'il restait planté
en elle, arrimé par ses six bras.
— Mère... murmura Radu.