Irina était belle, mais elle ne
pouvait abandonner le spectacle de la Feria. Une fine membrane prenait naissance
dans ses hanches et enveloppait complètement ses bras. Dragosi, le
patron du cirque, était en train de peindre la peau des ailes de la femme
papillon avec de la peinture bon marché. Chaque semaine, il changeait de
couleurs et de motifs, comme un enfant qui peint des soldats de plomb. À sa
façon, il aimait Irina presque autant que Madalin. Mais, contrairement à celui-ci, il pouvait jouer avec elle.
Radu préférait les femmes normales, mais Irina était
différente. Madalin l'aimait. Alors Radu se mit à la courtiser. Et il fit
quelque chose de plus : il lui donna espoir.
Ce soir-là, Radu mena Irina jusqu'à la falaise. Il
drogua le vin de Dragosi et menaça de mort les autres monstres s'ils parlaient.
Madalin, lui, ne put franchir la clôture.
— Tu es née pour voler, Irina. Vole pour moi. Vole, et le
monde t'admirera. Ensuite, tu pourras être normale.
Irina paraissait
incrédule, mais Radu lut l'espérance dans ses yeux.
— Vole, Irina, vole.
Irina crut ce qu'il disait.Traduit de l'espagnol par Pierre Jean Brouillaud dans INFINI.